Extrait du tome 1
«
La Dague au Lys Rouge
»
Le Ciel était sombre... /Chapitre
10
—
Elle est toute jeune, toute belle et riche ! C'est pour ça qu'on la
tue !
—
Respect à la mort ! clama un autre.
(--)
Et ce fut le silence, troublé seulement par le grincement des roues
et le lent battement, obsédant et lourd comme celui d'un cœur
angoissé...
Parvenue sur l'échafaud, droite et fière, elle s'avança d'un pas
ferme vers l'exécuteur qui, à son approche, mit un genou en terre
pour obtenir son pardon.
—
Je n'ai rien à vous pardonner, dit-elle. Mais ne pourrait-on me
délier les mains pour que je puisse les joindre ?
Il acquiesça d'un battement de paupières, prit un couteau à sa
ceinture et trancha la corde. Elle demanda encoure :
—
Devez-vous couper ma tresse !
—
Non. Il
suffira que la nuque soit dégagée....
C'est pour cela que je vais devoir échancrer le col de votre robe...
A ce moment, la rue de la Boucherie éclata en un énorme vacarme qui
couvrit le glas : un cavalier hurlant " Place ! Place " à s'éclater
les poumons fonçait à travers la foule qui qui s'ouvrait d'instinct.
Au galop, il piqua droit sur l'échafaud, sauta de son cheval en
voltige et grimpa l'échelle quatre à quatre :
—
Ne touche pas à cette dame, bourreau ! Je suis Thomas, baron de
Courcy et je veux l'épouser ! Et, par Dieu, je jure qu'elle est
innocente !
La Dague au Lys Rouge - tome 1
Chapitre 13 / Enfin le
port?...
«
Aussi, le soir précédant le départ du jeune homme, elle lui proposa
de faire quelques pas le long de l'étang. La nuit était tiède,
constellée d'étoiles, romantique à souhait. Ils marchèrent plusieurs
minutes côte à côte sans se parler. Thomas partait à l'aube.
Il ne fallait pas gâcher cet instant mais les circonlocutions
n'étaient pas dans la nature de Lorenza. C'est pourquoi elle
dit sans préambule:
- Souhaitez-vous toujours faire de moi votre femme, Thomas ?
- Vous n'avez pas changé ?Alors moi non plus ! répondit-il d'une
voix calme que l'émotion enrouait.
Ils s'étaient immobilisés l'un en face de l'autre et se turent. Ils
se regardèrent un instant sans rien dire comme s'ils hésitaient au
bord des mots mais, cette, ce fut lui qui rompit le silence:
- Je vous aime plus que jamais ! murmura-t-il.
Assez pour respecter...
- Non, l'interrompit-elle en lui posant un doigt sur la
bouche. Ce serait avilissant pour tous les deux. Au soir du
mariage, je serai à vous tout entière, sans arrière-pensée, sans
regret et, je crois, avec bonheur !
- Lorenza ! ... En vérité ?
- Prenez-mois dans vos bras, Thomas, serrez-les très fort... et
ne les ouvrez plus jamais !
-tant que je vivrai, Lorenza ! Tant que je...
Leur premier baiser étouffa le dernier mot... » |