Grands Dames petites vertus (1978) / (Elles ont aimé)
de Juliette BENZONI
Adorable Pauline !
Extrait du chapitre :
Les étonnements d'Auguste de Forbin
« Ah ! s'écria la princesse. Voilà Paul ! Il vient pour le bain !
D'un mouvement souple, elle glissa de sa chaise longue, se leva et,
laissant tomber son peignoir léger, apparut aux yeux de ses
visiteurs aussi nue que notre mère Eve avant le péché. Le pauvre
Forbin complètement affolé, dut fermer les yeux qui commençaient à
lui sortir de la tête.
Quand il ses ouvrit, ce fut pour voir le grand Noir soulever la
princesse dans ses bras et l'emporter ainsi vers sa baignoire
d'argent installée dans la pièce voisine. Mme de Barral suivit.
Quant à la compagnie, habituée sans doute, elle continua
tranquillement à bavarder comme si de rien n'était. Mais Forbin,
ébloui, perdu, le cœur chaviré, ne savait plus du tout quelle
contenance tenir. Jamais mois de juillet ne lui avait paru si chaud
!
Une demi-heure plus tard, Pauline reparut, toujours portée par Paul,
mais abritée de nouveau sous sa mousseline. Elle était fraîche comme
une rose, toute souriante et vint reprendre place au milieu de ses
coussins.
Il était écrit que le pauvre Forbin ne reprendrait pas de sitôt
l'entier contrôle de lui-même car, au moment précis où il allait
tourner quelques compliments bien poétiques à cette Circé d'un
nouveau genre, elle s'écria tout à coup, en se tournant vers Mme de
Champbeaudoin.
― J'ai froid aux
pieds !
Aussitôt, et sans s'émouvoir le moins du monde, la dame d'honneur
ouvrit sa robe, dénuda sa poitrine et se glissa sur le tapis devant
Pauline qui, avec un soupir de satisfaction, posa ses pieds nus sur
les seins rebondis de la dame.
― C'est une vieille habitude que j'ai contractée jadis auprès des
négresses de Saint-Dominique ! expliqua-t-elle à son invité avec un
sourire ensorceleur. C'est tout à fait délicieux ! |